mercredi 19 juillet 2017

La domination, une histoire de neurones

La domination est-elle une caractéristique du mâle ?
Depuis quelques jours, nous pouvons en douter. Une équipe de chercheurs chinois* affiliés à la Zhejiang University of Science and Technology a publié mi-juillet les conclusions de travaux qui font apparaître que les ressorts de la domination ne sont pas une question de testostérone, mais de neurones. Ils en font la démonstration en intervenant dans une zone particulière du cortex d'une souris pour transformer un mâle dominé en mâle dominant.
La propension de certaines femmes et certains hommes à dominer n'a donc rien à voir avec leur genre…


Le résumé original ICI (en anglais)
L'article du Monde (payant)
L'article sur neurosciencenews.com (en anglais)


Les auteurs et leur unité de recherche


jeudi 13 juillet 2017

La transmission transgénérationnelle

Nous ne sommes pas simplement les enfants de nos parents ; nous sommes tout autant les petits enfants de nos grands-parents et les arrières petits-enfants de nos arrières grands-parents… Nous sommes les passeurs d'une histoire qui ne nous appartient pas. Nous nous inscrivons dans une filiation biologique transgénérationnelle. Oui, nous appartenons à l'histoire et il est d'ailleurs intéressant de s'interroger sur les raisons qui poussent les sociétés occidentales à privilégier l'instant présent.
Couper l'homme de ses "racines", l'isoler est le meilleur moyen de le dominer.

Voici la conférence donnée par Isabelle Mansuy – neurogénéticienne à l'université de Zürich et à l'école polytechnique fédérale de Zürich – dans le cadre du cycle "Traces de vies" donné à la Cité des sciences et de l'industrie en novembre et décembre 2014.


Un résumé des travaux d'Isabelle Mansuy

mardi 4 juillet 2017

L'adoption ne règle pas le problème de l'abandon

Très beau sujet (en anglais) sur la quête de ses racines par un enfant abandonné, trente ans plus tôt…
Un thème longuement abordé dans l'ouvrage Au nom des pères

Un résumé sous-titré sur Facebook :
https://www.facebook.com/kapusomojessicasoho/videos/10154922026076026/
 
 
PART 2
PART 3

lundi 3 juillet 2017

Les trafics d'enfants de la France de 1960 à 1980

Le chiffre généralement admis est de 1.600, mais l'on en recense déjà plus de 2.150 de ces petits Réunionnais arrachés à leur île et à leur famille pour repeupler les zones rurales en voie de désertification, dans les années 1960 et 1970.
Une politique tout à fait officielle de l’État, mise en place par Michel Debré, député de la Réunion (puis ministre de Tout sous de Gaulle et Pompidou) et maire d'Amboise (qui n'est pas le chef-lieu de la Réunion), avec la complicité de la Direction départementale de l'aide sanitaire et sociale (DDASS), l'ancêtre de l'Aide sociale à l'enfance (ASE).
On les appelait "les enfants de la Creuse" parce qu'ils transitaient par ce département avant d'être dispatchés, comme les juifs transitaient par Drancy pendant la Seconde Guerre mondiale avant de prendre par convois le chemin des camps d'extermination du régime nazi. la comparaison est osée, tant ce déplacement de population organisé s'inscrit dans la grande tradition esclavagiste de la France.


La Réunion : déjà 2.150 “enfants de la Creuse” recensés

Saint-Denis de la Réunion, 11 octobre 2016, une commission d'experts consacrée à la migration forcée vers la métropole de mineurs réunionnais entre 1963 et 1982 a déjà comptabilisé 2.150 enfants déplacés d'office pendant cette période, selon les premiers résultats présenté mardi à la Réunion.
Composée de trois universitaires et d'un inspecteur général des affaires sociales, la commission, créée en février par l'État, "a deux ans pour étudier et rendre un rapport sur ce pan méconnu de l'histoire de La Réunion", a indiqué lors d'un point-presse en préfecture, le sociologue Philippe Vitale, président de cette instance.
"Depuis neuf mois que nous travaillons, nous avons trouvé une différence notable sur le nombre de Réunionnais transplantés dans l'Hexagone de 1963 à 1982. De 1.615 (chiffre habituellement évoqué, issu d'un rapport de 2002, ndlr), nous en sommes aujourd'hui à 2.150", a indiqué Philippe Vitale. 
L'objectif principal de la commission est d'établir un listing nominatif des enfants déplacés, souvent vers des territoires ruraux tels que la Creuse, désertés par ses habitants. 
Les experts souhaitent approfondir la connaissance historique sur cet épisode afin de le diffuser plus largement. Ils espèrent également établir un tableau précis des populations concernées et indiquer les décisions et actes expliquant le transfert de ces jeunes Réunionnais, effectué sous l'impulsion de Michel Debré, alors député de La Réunion.
Philippe Vital rappelle que certains enfants "sont partis à 4 ans et n'ont plus jamais remis les pieds sur l'île, ils n'ont plus de traces de leurs familles et ne connaissent pas leur histoire". Une meilleure prise en charge des dossiers de ces ex-mineurs déplacés est aussi prévue afin d'améliorer leur accès et leur hébergement à La Réunion. La commission compte auditionner "ceux et celles qui ont vécu ce triste épisode de l'humanité" car "expliquer n'est pas excuser", a nuancé Philippe Vital. 
L'expression "enfants de la Creuse" désigne les enfants et adolescents réunionnais retirés à leurs familles et envoyés d'office dans 26 départements métropolitains, dont la Creuse, le Tarn ou la Lozère.  Certains de ces enfants ont ensuite été adoptés sans que leurs parents aient renoncé à leurs droits parentaux. Beaucoup ont été utilisés comme main d'oeuvre bon marché par leurs familles d'accueil, d'autres ont subi des agressions sexuelles. 
En 2002, l'un d'eux, Jean-Jacques Martial, a attaqué l'État français pour "enlèvement et séquestration de mineur, rafle et déportation". D'autres plaintes ont suivi. Elles sont restées sans suite à ce jour. 
Le 18 février 2014, l'Assemblée Nationale a voté une résolution mémorielle qui reconnaît la "responsabilité morale" de l'État dans cette migration forcée. 

PLUS
• À lire le dossier de Valérie Magdelaine Andrianjafitrimo paru en février 2009 dans la revue Itinéraires 
• Le livre de Jean-Pierre Martial : Une enfance volée (édition Les Quatre-chemins)
• Le film de Guénola Gazeau et Pierre Lascar réalisé en 2016
• L'émission consacrée au sujet après la projection du film de Guénola Gazeau et Pierre Lascar présentée sur France O (sur Youtube)

dimanche 2 juillet 2017

Les enfants volés de l'église franquiste

21.000 enfants enlevés par le régime franquiste avec la complicité de l’Église catholique !


Un documentaire sur les « enfants volés » va passer quasi clandestinement sur FR3 ce lundi11/02/13 à 0h10* ! Il eut pourtant pris tout son poids, au moment où nos propres prélats cherchaient à imposer la loi religieuse sur la loi civile. Car question GPA barbares l’église espagnole se posait là. Ces vols d’enfants démarrés au lendemain de la guerre civile au nom d’une idéologie de lutte contre le virus rouge va se poursuivre pour des motifs mercantiles, toujours sous l’égide de l’église qui, jusqu’en 1987, gérait les adoptions. La seule religieuse inculpée – sœur Juana – vient de mourir.

L’historien Ricard Vinyes chiffre à 21.000, rien que pour 1942 et 1943, les enfants enlevés de force à des mères républicaines par le régime franquiste avec la complicité active de l’église catholique.
Le juge Baltasar Garzón,  qui a d'ailleurs perdu son poste en tentant de faire avancer ce dossier des enfants volés du franquisme, cite un document d'une institution religieuse, chiffrant à 30.960 au cours de la décennie 1944-1954 le nombre d'enfants de prisonnières politiques placés sous tutelle de l'Etat. Selon ce magistrat, c'est "un nombre indéterminé" d'enfants qui, de manière "systématique, préconçue et avec une volonté véritablement criminelle", auraient été soustraits à des familles "qui ne s'ajustaient pas au nouveau régime [franquiste]". Des milliers de femmes républicaines venues accoucher dans les hôpitaux ressortent sans bébés. ("La madre biológica entraba por un lado y la adoptiva salía con un bebé por otro").  Tous, sont déclarés morts nés. En fait, l'enfant, bien vivant, est placé sous la tutelle d'une famille proche du régime franquiste, pour être rééduqué. Ce sont les religieuses qui sont chargées de voler les enfants, elles utilisaient leur influence et l'autorité de l'Eglise pour faire taire les plaintes des mères.

Garzon relate cet épisode du début des années 40 basé sur le témoignage de Félix Espejo, ancien mineur des Asturies: "Un jour, les mères [prisonnières] sortirent avec leurs enfants dans la cour [de la prison de Saturraran]. Les religieuses leur dirent que les enfants devaient rester à l'intérieur pour une révision médicale. Il y en avait une centaine. Lorsque les mères rentrèrent, ils n'étaient plus là. Concepcion [une prisonnière], qui n'avait pas d'enfant, fut impressionnée par les scènes de douleur et par les cris des mères qui réclamaient leurs petits. Ils les menacèrent en leur disant de se taire si elles voulaient rester en vie. Une femme d'Oviedo libérée peu après vit sa fille dans une maison de militaires, à Valence, mais on ne sait pas si elle a pu la récupérer ou non".

Du rapt idéologique au trafic de nouveaux-nés

Cette politique d'enlèvements, pour rechristianiser les enfants de mères rouges, s’est ensuite, avec toujours la complicité des « bonnes sœurs » et de leur hiérarchie, transformée en véritable trafic d’enfants.  «Ce qui commence comme une sorte de vengeance politique et de mise au pas de la société se transforme au fil des années en un vrai «commerce» qui aurait perduré y compris jusqu’au début des années 80», explique Hector Rojo (revue Diagonal). Ainsi Isabel, mineure et enceinte, dans la très catholique Espagne de 1974, a dû obéir à ses parents : accouchement discret et un bébé qui disparaît, confié par les religieuses, sous une fausse identité, à une famille bien sous tous rapports (Tribune de Genève 15/10/2009)

Le Monde daté du 24/12/2011 titrait en page 3 "Les enfants volés d'Espagne"  Les associations de victimes estiment à 300 000 adoptions irrégulières et vols d'enfants entre 1940 et 1990. L'article raconte qu'une femme, sur les conseils du curé de la paroisse, a simulé la grossesse, avant d'"adopter" un enfant.
"Le vol de bébés a surgi en Espagne avec le franquisme mais, par la suite, il semble qu'il se soit transformé en un pur commerce, extrêmement lucratif, qui se serait nourri de la vulnérabilité de certaines catégories de personnes : mères célibataires ou mineures, couples analphabètes [...] Ce qui a commencé comme un crime idéologique s'est transformé en une véritable mafia"  Enrique Vila cité par Le Monde.

El Mundo qui n’est pas l’équivalent espagnol du Monde, plutôt proche de l’UMP locale, le PP,  a cependant consacré un dossier aux « familles fictives : vies dérobées ». Témoignages émouvants de ces bénéficiaires du trafic : "Mes parents m'ont confessé qu'ils m'avaient acheté" : Juan Luis Moreno a su qu'ils l'avaient acheté pour 150.000 pesetas quand son père le lui a confessé dans son lit de mort ; "Ils ont payé pour moi davantage que pour un appartement"; "Un religieux leur a permis de choisir entre un petit garçon ou une petite fille", "Ils ont eu à employer une mère porteuse"...

Des couples mariés qui ne pouvaient avoir d’enfant,  se mettaient en rapport, par le bouche à oreille, avec les personnes qui pouvaient leur en fournir. On leur disait dans quelle ville ils auraient à aller et combien ils devraient payer et le jour indiqué, ils se déplaçaient là où l'échange était fait. Après ils s’arrangeaient, dans leur propre ville pour falsifier, avec aussi un paiement préalable, le certificat de naissance. Et ils se présentaient à l'état civil où ils inscrivaient le bébé. "Il y avait pratiquement toujours des personnes religieuses impliquées dans ces histoires" En effet, jusqu’à 1987, 12 ans après la mort de Franco, les adoptions étaient entre les mains de l’église.

La seule personne inculpée, une « bonne sœur », Maria Gomez Valbuena, en religion Sor Juana, est décédée en janvier. Le juge Garzón, on l’a vu a été déchu pour onze ans, par la plus haute juridiction espagnole sur plaintes de deux groupuscules d’extrême droite, pour avoir osé soulever le couvercle des 100 000 disparus du franquisme et de ces 300 000 « niňos robados ». Comme le dit Télé Obs, aucune enquête qui permettrait de vérifier les archives des hôpitaux, des maternités et des évêchés incriminés, n’a été diligentée. (« Les ombres du passé » Télé Obs  09/02/13).

 Cette église franquiste, loin de tout repentir, a continué d’afficher son cléricalisme avec la même morgue, pour tenter de bloquer les lois qui lui déplaisent. Le soutien du Vatican ne lui a jamais fait défaut. La radio contrôlée par la Conférence épiscopale espagnole a pris très systématiquement position contre le gouvernement de Zapatero, défendant, sur un ton souvent très violent, des positions proches du Parti Popular (PP). Mais, malgré le retour du PP au pouvoir, ni le mariage homo, ni l’IVG, contre lesquels cette église avait organisé des manifestations géantes, n’ont été remis en cause.