mardi 8 août 2017

Le point de vue de Guillaume Duclouet

Marc Mangin est journaliste depuis plusieurs décennies. Il a parcouru maintes contrées, ce dont il nous fait part à travers de nombreuses références à la masculinité dans des cultures très différentes de la nôtre (asiatique en particulier). Mais Marc Mangin est aussi et surtout un père mélancolique, désabusé, voire désenchanté. Ce manifeste s'avère difficilement classable, recueil de pensées diverses et variées (certes stimulantes), plus qu'un essai construit et structuré autour des multiples facettes de la notion de paternité. C'est ce qui en fait sa force, mais en constitue aussi sa limite.

En effet, l'auteur témoigne très vite de s'exprimer au nom de ces pères brimés par le système, rejetés par la société et se trouvant dès lors déclassés au sein d'un monde qu'ils ne comprennent plus et dont ils sont devenus les pestiférés. L'auteur en a gros sur la patate, cela transpire à travers ses pages, même s'il se révèle finalement objectif et soucieux de se référer à des sources vérifiées. Il est évident que ce livre constitue une véritable catharsis pour son auteur, dont le père, militaire, a disparu très jeune en mission, et qui a été confronté au système judiciaire dans le cadre de son divorce. Malmené par un système quasi-matriarcal, ce que l'auteur démontre justement en s'appuyant sur de nombreuses enquêtes statistiques ou sociales (il cite nombre d'ouvrages de psychologues), tout comme le sont de plus en plus de pères en instance de divorce, Marc Mangin s'est plongé dans une intense réflexion sur ce que signifie la paternité.

Le point fort du livre réside dans la fluidité de sa lecture, agréable et facile, malgré les sujets souvent bouleversants qui y sont évoqués. Comme indiqué, l'auteur s'est bien documenté, tant dans la littérature qu'au cinéma, et naturellement auprès de sources expertes que sont psychologues et magistrats. La mention d'Albert Camus s'avère particulièrement touchante. Cependant, et c'est ici que le bât blesse, j'estime que l'auteur aurait dû davantage structurer sa démonstration afin de l'organiser par thèmes, ce qui aurait pu en faire un ouvrage de référence sur la question. Ce n'était toutefois peut-être pas l'intention de l'auteur. A certains moments, l'on ne comprend pas très bien où veut en venir l'auteur, qui égrène quantité de faits et de réflexions, entremêlés sans logique définie. Cette absence de rigueur dans la construction de l'essai dessert la thèse que tient à défendre son auteur. Ainsi, autant aborder la notion de transhumanisme pouvait-il se révéler pertinent, autant les quelques critiques du libéralisme économique ne sont pas réellement reliées au sujet principal. Mais peut-être était-ce davantage le travail de l'éditeur...

Malgré ses limites, cet ouvrage demeure de bonne facture et fort intéressant. Traitant d'un sujet trop peu abordé, par les hommes EUX-MÊMES, il permettra à ceux-ci d'y trouver un réconfort certain dans les mots de ce père blessé mais digne, et permettra peut-être de créer cette solidarité masculine qui, sans aucun doute, constituera le socle d'un combat renouvelé pour faire reconnaître l'importance de la paternité dans le développement psychologique et émotionnel des enfants. Et, de là, les hommes pourront de nouveau s'épanouir dans une société qui favorisera leur épanouissement auprès de leurs enfants.
Chronique publiée le 5 août 2017 sur AMAZON!

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